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Quelques histoires et essais d'écriture qui méritent d'être partagés.


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Hirowi et Yokamu

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Histoires de taches 1

Histoires de taches 1
Voilà une série de cinq contes sur des « Histoires de taches ». Images : DevianArt, Google.




HISTOIRES DE TACHES



Le Saint-Pierre
La Grenouille fouisseuse
Le Python de Séba
La Pintade de Numidie
Le Guépard




LE SAINT-PIERRE




Le Saint-Pierre est un poisson de couleur jaune avec de fines bandes horizontales d'un bleu ciel estompé. Son corps, comprimé latéralement, ressemble à un disque : le profil d'un chasseur à l'affût. Finalement, un poisson comme tant d'autres. Il est une chose cependant qui distingue le Saint-Pierre : une tache noire et ronde au centre de son corps. Selon la légende, cette tache serait l'empreinte du pouce de Saint Pierre. Un jour, alors que le saint homme arpentait la plage après la tempête, il vit un poisson jaune, haut et assez plat, se tortiller en tous sens. Celui-ci tentait d'échapper à l'étreinte mortelle d'une pieuvre rouge. Au moment où les tentacules se refermaient sur la pauvre proie, Saint Pierre intervint et chassa la pieuvre. Celle-ci, surprise, libéra un jet d'encre qui tacha le pouce de l'importun avant de s'enfuir. Saint Pierre prit le poisson dans ses mains et le remit à l'eau. Depuis ce jour, tous les Saint-Pierre arborent une tache noire sur le flan, témoin du sauvetage de leur lointain ancêtre par Saint Pierre.




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Histoires de taches 1
Tags : Histoire de taches, Conte
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#Posté le jeudi 02 juillet 2009 01:16

Modifié le lundi 16 janvier 2012 09:29

Histoires de taches 2

Histoires de taches 2
Voilà une série de cinq contes sur des « Histoires de taches ». Images : DevianArt, Google.




LA GRENOUILLE FOUISSEUSE




La Grenouille fouisseuse est un amphibien à la peau violet foncé parsemé de taches jaunes. Mais, il n'en fut pas toujours ainsi. A l'origine, cet animal africain avait la couleur de la terre. Ce qui n'est pas étonnant puisqu'elle passe le plus clair de son temps enfouie sous la surface. Un beau jour, alors qu'elle réalisait une de ses sorties périodiques dans le but de rencontrer un partenaire potentiel, la Grenouille vint à passer sous une petite plante gorgée de la rosée du matin. N'y prenant pas garde, elle se retrouva bien arrosée, ce qui n'était pas pour lui déplaire, puisqu'elle affectionne particulièrement les endroits humide. C'est ce moment précis que choisit le soleil pour se lever et darder de ses premier rayon le monde encore endormi. Et sa lumière vint colorer de doré les perles de rosée encore présentes sur le peau lisse de la Grenouille. Ce matin-là, beaucoup d'autes Grenouilles virent se lever l'astre solaire.




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Histoires de taches 2
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#Posté le lundi 13 juillet 2009 03:59

Modifié le lundi 16 janvier 2012 09:29

Histoires de taches 3

Histoires de taches 3
Voilà une série de cinq contes sur des « Histoires de taches ». Images : DevianArt, Google.




HISTOIRES DE TACHES




LE PYTHON DE SÉBA




Le Python de Séba est un très grand serpent africain, au corps épais recouvert de petites écailles lisses. Sa peau porte de grosses taches brunes, vert olive et jaune doré. Seules ces dernières ont une forme circulaire. Originellement, ce reptile était uniformément gris. Comment peut-on expliquer que le Python actuel soit si tacheté ? Tout commence par une saison particulièrement pluvieuse. L'eau s'étant infiltrée sous ses écailles, le corps avait gonflé et le serpent se sentait à l'étroit. Le temps de la mue n'était cependant pas encore arrivé. Un matin, la peau craqua, faisant apparaître la couleur brune de la mue prochaine. Plusieurs jours s'écoulèrent encore, tout aussi pluvieux. La nouvelle peau prématurée se craquela à son tour, laissant paraître le vert olive de l'année suivante. La période de la mue, enfin, arriva et le Python de Séba se débarrassa de sa prison étouffante. Lorsque le serpent sortit de son refuge, les gouttelettes sur sa peau scintillèrent au soleil d'Afrique et s'y figèrent en de magnifiques petites taches dorées. Depuis lors, la robe grise du Python est ainsi parsemée de brun, vert olive et jaune doré.




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Histoires de taches 3
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#Posté le vendredi 31 juillet 2009 04:38

Modifié le lundi 16 janvier 2012 09:30

Histoires de taches 4

Histoires de taches 4
Voilà une série de cinq contes sur des « Histoires de taches ». Images : DevianArt, Google.




HISTOIRES DE TACHES




LA PINTADE DE NUMIDIE




La Pintade de Numide est un gallinacé de nos basse-courts, bien connu pour sa froussardise. En effet, essayez d'approcher un groupe de Pintade par derrière, au moindre petit craquement, et vous les voyez s'enfuir en désordre, comme si le diable était à leurs trousses. Il n'en reste pas moins que c'est une très bonne méthode de survie. Car, dans la nature, bruit égale ennemi. Mais, revenons à nos Pintades. Dans leur pays d'origine, aujourd'hui disparu, ces oiseaux étaient entièrement gris. Or, comme tous les éleveurs de Pintades le savent, de par chez nous, elles sont grises tacheté de blanc. D'où proviennent donc ces taches ? Eh bien, un jour lointain, les grands voyageurs de l'époque ramenèrent ces volatiles dans nos contrées hostiles. Ils les parquèrent dans des enclos, très semblables à ceux que l'on connaît actuellement, et les laissèrent à la vue des acquéreurs potentiels. Et c'est là qu'il se mit à neiger. Les petits flocons blancs virent se déposer sur le plumage cendré de la Pintade, laissant cette myriade de taches blanches. Ainsi naquit la Pintade tachetée de nos régions tempérées.




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Histoires de taches 4
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#Posté le mercredi 19 août 2009 23:55

Modifié le lundi 16 janvier 2012 09:30

Histoires de taches 5

Histoires de taches 5
Voilà une série de cinq contes sur des « Histoires de taches ». Images : DevianArt, Google.




HISTOIRES DE TACHES




LE GUÉPARD




Le Guépard, Prince de la savane. Grand, fin, élancé, bâti pour la course. Son pelage fauve ponctué de petites taches sombres contraste avec son ventre blanc : voici le secret d'un camouflage parfait. Ces atouts font de ce félin un redoutable chasseur. Il n'en fut pas toujours ainsi. Comme le raconte une légende africaine, une lionne donna un jour naissance à une portée de quatre lionceaux. D'ordinaire, les petits possèdent quelques taches brunes sur l'arrière-train. Mais cette portée comptait un lionceau femelle entièrement tacheté de noir qui fut bien vite rejeté par ses frères. Quand venait l'heure de la tétée, ceux-ci le pourchassait pour l'éloigner de leur mère. Au début, ils l'attrapaient toujours, le mordaient et le griffaient. Mais, peu à peu, le lionceau gagna en vitesse et ne se laissa plus maltraiter. La jeune femelle devint désormais plus rapide et plus maigre que ses congénères. La légende raconte encore qu'un phénomène identique se produisit pour un petit mâle d'une autre portée. De leur rencontre naquirent les futurs Princes de la savane.




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Histoires de taches 5
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#Posté le dimanche 13 septembre 2009 03:03

Modifié le lundi 16 janvier 2012 09:30

Coockie & cougnous

Coockie & cougnous

Voici une histoire qu'Hirowi a écrite pour Noël. Images : DevianArt, Google.







COOCKIE & COUGNOUS







Cookie n'avait jamais vraiment eu de chance dans sa vie. Tombé des bras de sa mères quelques minutes après l'accouchement, vendu à deux ans pour une bouchée de pain par son père qu'il n'avait jamais vu jusqu'alors, mis à la rue à cinq ans par sa famille d'accueil à cause du chien qui drainait les revenus, le pauvre garçon passait sa vie à voler pour survivre, et, alors que Noël approchait, le voilà, mendiant près du parvis de l'église, à quelques pas de l'épicerie du coin, avec un chapeau crasseux recueillant les précieuses pièces de monnaie traînant sur les dalles, brandissant une pancarte avec un air de chien battu qu'on ne semblait pouvoir arracher de son visage noir de suie. Et, alors que les nuages recouvraient le ciel, il psalmodiait :
- L'aumône... S'il vous plaît, l'aumône pour un garçon des rues... Qu'il puisse vivre le jour de Noël... S'il vous plaît, l'aumône, ayez pitié des pauvres. L'aumône... L'aumône pour un miséreux qui ne connaît pas l'amour... S'il vous plait, puisse Noël attendrir votre c½ur... que je puisse voir la neige danser autour de moi, la sentir sur mes joues humides de joie, avant que le froid de la mort ne me prenne... L'aumône... S'il vous plaît, l'aumône pour un vagabond dont personne ne veut, dont les parents vont prier à l'église le dimanche et accrocher des boules lumineuses à un sapin qu'il ne verra jamais... Il ne connaît que faim, fatigue et détresse... Apprenez-moi autre chose, quelque chose de beau, quelque chose de chouette. Ne me racontez pas de sornettes, je ne suis pas si bête... Je demande l'aumône, s'il vous plaît, donnez-moi quelque chose... L'aumône... S'il vous plaît, l'aumône pour un garçon des rues... Qu'il puisse vivre le jour de Noël...
Cookie les vit venir de loin. Il avait appris à sentir ces choses là. Un homme allait lui faire un don. Coiffé d'un haut de forme, il semblait en active conversation avec ce qui semblait être un de ses éminents compagnons, et, avisant le garçon, avec un sourire empli de fausse tendresse, il s'approcha et porta la main à son portefeuille. Soudain, il suspendit son geste, le poursuivit, sortit non pas quelques pièces, non pas quelques billets, pas une pincée ni même une poignée, mais une paire de lunettes, et, lisant plus attentivement la pancarte de Cookie, s'exclama fortement avec une ironie amusée :
- Cinq pièces ! Eh bien, donnez-lui-en un peu, le voilà qu'il réclame le cougnou ! Le cougnou, et l'argent du cougnou ! N'est-ce pas que ce vagabond a des goûts de luxe ? Quel culot ! Méfie-toi mon crasseux garçon, à force d'être aussi exigeant, tu ne feras pas long cougnou !
Et il s'éloigna en s'esclaffant d'un rire gras. Cookie soupira ; son souffle produisit une buée chaude au coin de ses lèvres. Il avait faim. Et pour couronner le tout, un chien mouillé venait de se secouer la carcasse à côté de lui, éclaboussant son vieux manteau. Mais ce n'était pas tout : le canidé en question se mit à lui causer.
- N'écoute pas ces carabistouilles, petit gars ! Ce genre d'individus grossiers et malveillants, nés avec une cuillère en nacre au fond du gosier, ne connaissent ni amour ni générosité, tout au plus leurs actions fussent-elles teintées d'une amertume dont le nom n'a rien à envier à leur frustration.
- Tais-toi ! aboya Cookie. Un chien ne devrait pas déblatérer ce genre d'inepties en pleine journée ! Où est ton os ?
- Allons, calme ! gazouilla le chien en souriant. Je comprends ta colère, mais ne laisse pas la ranc½ur envahir ton âme. Bientôt arrivera Noël.
Cookie baissa les yeux en marmonnant :
- Quelle importance ? Les gens ne croient plus à la magie de Noël... Les garçons des rues ont cessé d'espérer, la bonté s'est perdue...
- Certes, tu as sans doute appris dans ta pauvre vie que c'était chacun pour son cougnou, mais ne te fourvoierais-tu pas ? Ne sens-tu pas les battements de ton c½ur s'accélérer à l'approche de ce jour féérique tant attendu ? N'entends-tu pas la bise annoncer la neiger tomber ? Ne vois-tu pas les gens acheter leurs cadeaux et revenir chez eux en le dissimulant, un sourire béat pendu au nez à la pensée d'emplir de bonheur les personnes qu'ils aiment ?
- Quels propos abscons dans la bouche d'un chien ! N'as-tu pas un foyer, des os à déterrer, des rats à chasser, une pelote de laine avec laquelle jouer ?
- Pour ça diable que non, c'est une affaire de chat !
- Es-tu donc un chien des rues, un vagabond comme moi, qui erre, sans l'espoir d'un avenir possible, dans l'attente d'une mort prématurée avant d'avoir vu Noël et le Père blanc entrer par les cheminées ?
- Pour ça diable que non, c'est ton histoire mon garçon !
- Mon histoire ? Eh ! Me voilà dans de beaux draps. Et qu'annonce-t-il, ce narrateur de malheur, pour moi ? Prévoit-il mon trépas ?
- Pour ça diable que je n'en sais trop rien... Demandons-le-lui.
- Ah ! Après tout, je parle à un chien. Oh eh ! Du narrateur ! Te dit-il que je meure ? N'est-ce pas assez de me faire languir au dehors, près du parvis de l'église, au seuil de la mort ? N'est-ce pas assez de m'avoir fait courir mais surtout voler, pour me faire mourir ou plutôt crever ? Te procure-t-il tant de joie que cela de me voir passer de vie à trépas ?
Le narrateur, car oui, c'était bien moi, préféra ne répondre pas. J'enlevai le chien, et laissai seul le gamin.
- Me revoilà seul livré à mon destin, se plaignit le bambin.
Soudain, le jeune garçon aperçut un vieil homme. Oh, rien d'extraordinaire : il s'agissait d'un vieillard des plus banals, avec de petites lunettes rondes, une énormes barbes blanches, habillé tout de rouge. Il était assis sur la dernière marche de l'église, un grand sac vide autour de lui. « Il n'y a pas de fumée sans cougnou », se dit Cookie. Il s'approcha et entendit le vieil homme grommeler :
- La magie de Noël, elle est bien bonne celle-là ! Chassez le cougnou par la porte, il revient par la fenêtre ! Eh ! Les gens d'aujourd'hui n'ont-ils plus aucune considération pour les valeurs familiales ? Où sont donc passés entraide et hospitalité ? Et diable, que font-ils de leurs cheminées ?
- Qu'y a-t-il donc, monsieur ? Pourquoi cet air si triste à l'approche de Noël ?
Le vieillard se tourna vers le garçon, étonné.
- Comment ? Oh, alors c'est toi qui pleurais ?
- Pas du tout ! Je ne pleurais pas !
- Vraiment ?
- Peut-être... un peu.
- Pourquoi donc, mon petit bonhomme ?
- Eh bien... Je n'ai pas eu de pièces. Je n'ai rien à manger.
- C'est parce que le cougnou vient en dormant que celui-ci arrive si lentement. Patiente un peu, et tu verras, tout s'arrangera.
- Mais j'ai si peur de mourir avant d'avoir vu Noël et le Père blanc...
- Qui veut voyager loin ménage son cougnou. Viens donc te réchauffer...
Et il sortir un lourd manteau de fourrure de sa hotte, qui semblait pourtant complètement vide.
- Comment faites-vous ça ? souffla Cookie, les joues rosies de surprise.
- Sache que l'habit ne fait pas le cougnou. Te souviens de l'homme qui s'est moqué de ta pancarte ?
Le petit bambin acquiesça.
- Avait-il l'air heureux ?
- Eh bien... Je ne crois pas. Mais si l'argent ne fait pas le bonheur, comment ne plus me rendre malheureux ?
- Allons, mon garçon, tant qu'il y a de la vie, il y a du cougnou. Et le cougnou fait vivre. Ne désespère pas.
- Pourtant... Vous aviez l'air triste, vous aussi. Vous ne croyez plus en la magie de Noël. Je vous ai entendu le dire.
Le vieil homme fit la moue.
- Disons qu'on ne fait pas de cougnou sans casser des ½ufs. Il arrive parfois des moments où notre foi en l'homme se perd, quelque part dans le brouillard en attendant le Noël blanc.
- Vous avez perdu votre foi ?
- C'est un égarement passager. Il faut apprendre à voir plus loin que le bout de son cougnou.
Et, ouvrant grand son sac, il dévoila, sous la mine ébahie de Cookie, une montagne de doux cougnous. Le petit garçon, émerveillé, n'osa toutefois pas y toucher.
- Vas-y, prends, ils sont chauds.
Il en saisit un et mordit dedans à pleines dents. Cookie avait l'impression de mâcher un nuage du Paradis.
- Que ressens-tu à présent ?
- Je ne sais pas vraiment... C'est un sentiment étrange... Une chaleur, une sorte de feu de joie qui brûle mes entrailles, remonte et parcourt tout mon corps... C'est donc juste ça, le bonheur ? Ce n'est pas avoir faim ? Non... C'est bien plus que cela, n'est-ce pas ? Je les vois, maintenant, les gens, ils sourient ! Ils ouvrent leurs cadeaux ! Ils sont heureux ! Ils partagent ce moment inoubliable en famille... C'est donc ça ! Ce n'est pas juste avoir des pièces, ou de quoi manger ! C'est boire un chocolat chaud ! Ou même, discuter avec un chien ! Et manger des cougnous moelleux accompagné d'un vieillard en rouge ! C'est donc ça ! Et c'est à ma portée. Mais pourquoi donc ? Qui êtes-vous ?
- Mon garçon... C'est au pied du mur qu'on voit le cougnou.
Et le vieil homme montra le ciel du doigt. Il neigeait.
- Joyeux Noël, Père blanc..., chuchota Cookie avant de s'endormir à jamais.







FIN.







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Coockie & cougnous
Tags : Coockie & cougnous, Conte
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#Posté le lundi 26 décembre 2011 09:35

Modifié le samedi 26 décembre 2015 09:15

Objet: Commande refusée

Objet: Commande refusée



Voici une histoire que j'ai écrite pour Noël. Histoire de faire durer le plaisir en ce jour de rentrée académique (et de congé forcé pour certains). Images : DevianArt, Google.






OBJET: COMMANDE REFUSEE






De nos jours, sous le vocable de « fêtes de fin d'année » se dissimule une multitude d'actions qui tournent principalement autour des réunions de familles, entre amis, et des cadeaux. Après Halloween et les bonbons fin octobre, arrive Thanksgiving fin novembre, suivie de la Saint-Nicolas le 6 décembre, de Noël le 25 et des Boxing Days jusqu'à la veillée du Nouvel An, sans oublier la Befana le jour de l'Epiphanie. Bref, tant de chose à fêter et de cadeaux à offrir.

Généralement, la distribution des présents et confiseries est un privilège réservé à certaines personnes. Ainsi, c'est Saint-Nicolas et Père fouettard au début de décembre, Père Noël à la fin et la Befana en janvier. Mais, le monde change et la société des hommes avec. Notre société de consommation a fait de ces fêtes jadis religieuses et chargées d'un certain sens des occasions commerciales et de véritables business lucratifs.

C'est ainsi que les distributeurs de cadeaux ont dû s'adapter. Saint-Nicolas occupe le devant de la scène en Europe du 11 novembre jusqu'au 6 décembre. Le Père Noël prend ensuite la relève, aidé de Santa Claus en Amérique et en Océanie, de Ded Moroz dans les pays slaves, des Yule Lads en Islande, des Jultomte en Scandinavie et de Olentzero au Pays basque. La Befana ferme la marche, où elle remplace Nicolas en Italie.

Tous les protagonistes ont bien dû se mettre d'accord pour ne pas empiéter sur les plates-bandes d'un autre, ce qui ne s'est pas fait sans heurts. Nick voulait aussi passer dans la Botte méditerranéenne, mais la Sorcière n'a rien concédé. Quant à Santa, il a littéralement signé tous les contrats du dernier mois de l'année. Noël en a été scandalisé. Après une période de trouble, il a été décidé d'établir des standards communs : sapin, souliers ou chaussettes, cheminée, ... Seul le moyen de transport a été laissé à la convenance de l'organisateur. Il va du mulet à la vedette, en passant par le traîneau à rennes et au balai magique.

Distribuer des cadeaux et des bonbons implique une certaine préparation. Il faut un itinéraire précis dénué de manques et d'oublis. Mais avant ça, il faut s'occuper des commandes. Et pour cela, il faut du personnel. Les lutins constituent la main d'½uvre la plus nombreuse et la plus abordable sur le marché, surtout lorsque l'on dirige une véritable industrie, comme Papa et Santa. Et qui dit production intensive dit conditions de travail précaires...

#


Kolia était un lutin du Père Noël. Travaillant avant chez Saint-Nicolas, dont il porte l'une des nombreuses variantes de nom, il aimait ce qu'il faisait. Certes, Fouettard était quelque peu grincheux et peu accommodant, toujours à ergoter sur la lenteur de la production, sur les retards, sur les prestations de service, ... Mais Nicolas était plus que généreux et compensait largement le mauvais caractère de son acolyte. C'est alors qu'arriva la Grande Confusion. Le Saint perdit le marché américain et océanien, et le pauvre Kolia fut vendu avec les meubles à Santa Claus. Terminés les petits avantages des Lutins et les commandes en retard. Santa était un véritable tyran qui ne tolérait aucune erreur. Chacun avait un rôle dans la chaîne de montage : matière première, plan, fabrication, design, emballage, ruban, stockage, distribution. Ce dernier point était la clé de voûte de tout le système Santa : toutes les cheminées concernées étaient raccordées à la Fabrique par un réseau complexe de tuyauteries qui permettait d'acheminer les cadeaux et autres directement sous le sapin. Santa ne prenait même plus la peine de se déplacer, sauf pour desservir les maisons d'une ville ou d'un village tiré au sort pour l'occasion. La désillusion avait été dure à gérer. C'est pourquoi Kolia s'en était allé sous d'autres cieux.

Après un bref passage dans les locaux de Ded Moroz, le « Père Noël russe », il fut promu à l'Atelier Général de Papa, en Laponie. L'Atelier fonctionnait de manière radicalement différente de la Fabrique. Ici, chacun s'occupait d'une commande à la fois, de l'enregistrement à la localisation sur la carte. La tâche de distribution était réservée au vieux barbu.


#


Cela faisait déjà dix ans que Kolia était en poste à l'Atelier. Avant, il s'occupait de jouets en bois. Puis sont arrivés les brols en plastique. C'était nettement plus difficile à fabriquer et il a bien fallu que notre petit Lutin suive une formation de remise à niveau, comme tout le monde ici. Enfin, l'entrée dans l'ère de la technologie ne se fit pas sans mal. La Fabrique de Santa était beaucoup plus expérimentée dans le domaine, ce qui faisait grandement concurrence au traditionnel Atelier de Papa. Il fallut donc encore faire des formations. La technicité augmentant, il était devenu impossible pour un ouvrier de s'occuper de plusieurs centaines de commandes. Plus de travail impliquait plus de main d'½uvre, et plus de main d'½uvre moins de revenus pour chacun. Surtout depuis que le cheptel de rennes s'était littéralement décuplé, afin de permettre une distribution rapide et efficace.

Kolia avait décidé de se spécialiser dans les articles de la célèbre marque à la pomme, plus particulièrement les pods. Cette année encore, il devait fournir pas moins de septante-cinq virgule six iPod shuffle, nano, classic, touch et iPhone. L'équivalent de plusieurs mois de travail. Heureusement que Papa tenait ses statistiques à jour afin de prévoir les commandes. Il y avait bien sûr l'une ou l'autre surprise de dernière minute, mais celles-ci étaient confiées à des spécialistes. Le chiffre non entier de la commande correspondait donc à une moyenne pluriannuelle, ce qui faisait toujours rire les Lutins.

A côté de son travail, Kolia occupait son temps libre et ses jours de récupération à fabriquer des objets en bois. C'était un métier qui était devenu une passion. Des figurines, des voitures, des chevaux à bascule, des navires, ...


#


Un jour, alors qu'il était en train d'assembler la coque d'un iPhone 4S, le Lutin en Chef du secteur vint l'interpeller.
- Kolia. Le patron veut te parler. File dans son bureau !
- Le patron ?
- Oui, le patron. Tu sais, le gros avec son manteau rouge. Il est déjà en train d'attendre.
Laissant tout en plan, le petit bonhomme prit ses jambes à son cou et courut vers l'ascenseur. Le bureau du Père Noël se trouvait au premier sous-sol, l'Atelier occupant les niveaux -2 à -7. En sortant de l'ascenseur, on se trouvait nez à nez avec une immense porte en bois sur laquelle était placardé en lettres capitales :


PERE NOËL, Directeur de l'Atelier du Père Noël S.A.
MERE NOËL, Directrice de l'Atelier Général
STEVE NOËL, Sous-directeur de l'Atelier Général


Frappant doucement, une voix bourrue lui répondit.
- C'est ouvert.
Le Lutin poussa la porte et se retrouva face à un homme grand, rond, et affublé d'un peignoir vert bouteille.
- Ah, Kolia, je t'attendais. Installe-toi, je t'en prie. Je te sers un thé, des gâteaux ?
- Euh... oui ?
Une fois confortablement installé dans un grand fauteuil bleu, une tasse et un gâteau dans les mains, Papa se rassit dans son immense fauteuil rouge derrière son bureau.
- Mon petit Kolia. Tu travailles actuellement sur une importante commande de pods, n'est-ce pas ?
- Euh... oui ?
- C'est une réponse ou une question ?
- Oui !
- Bien. Cette année, j'ai eu une commande assez surprenante. Un enfant, un petit Rémy, a commandé un cheval à bascule. Drôle d'idée n'est-ce pas ? C'est un Britannique, ce qui doit sans doute expliquer cela. Bref, je crois savoir que tu travailles sur ce genre de choses.
- Oui.
- Mets-toi au travail, tu as jusqu'à Noël.
Abasourdi par la requête de l'homme en rouge, Kolia sentit une bouffée d'importance lui monter à la tête.
- Bien sûr, il s'agit de ta septante-six virgule sixième commande. Les pods doivent aussi être terminés pour Noël. Il est hors de question de ne pas répondre à ce petit. « S-C » serait bien trop content, et Ded Moroz est trop occupé que pour se préoccuper de ce genre de requête. Surtout si je lui dis qu'il n'est pas Russe. Alors, au travail. Oh oh oh !


#


Kolia avait bien travaillé. Il faisait des pods durant ses heures de travail, et le cheval dès qu'il avait le temps, veillant parfois tard le soir. Le 23 décembre, ses commandes étaient terminées. Il ne lui restait plus que la distribution. Le 24, veille de Noël, les Lutins avaient pour consigne de charger les traîneaux qui desserviraient leurs commanditaires. Les Lutins en Chef se chargeraient ensuite de les acheminer en divers point du globe, de sorte que Papa passe de l'un à l'autre comme s'il s'agissait de relais.

Kolia espérait tirer parti du temps qu'il lui resterait entre le remplissage des traîneaux et minuit moins une pour terminer de peindre le cheval. S'appliquant sans traînailler, il eut fini à minuit moins cinq pile. Juste quatre minutes pour aller déposer le paquet au bon endroit.

11:59. Branle-bas de combat ! Plus qu'une minute avant que les cadeaux ne se retrouvent au pied du sapin. Mais comment donc le Père Noël acheminait-il les cadeaux de beaucoup d'enfants du monde en à peine une minute ? Papa et ses acolytes avaient dû trouver une solution rapidement pour palier au problème démographique : l'arrêt sur image. A minuit moins une exactement, ils arrêtaient le temps pour permettre la distribution des cadeaux.

- Kolia, qu'est-ce que tu fais là ?
- Je cherche le traîneau en partance pour l'Angleterre.
- L'Angleterre ? Il n'y a aucun traîneau enregistré pour cette destination.
- Mais si, j'ai une commande.
- Regarde toi-même le registre, tu verras bien qu'il n'y a pas d'Angleterre, ni de Pays de Galles, ni d'Ecosse et encore moins d'Irlande.
- Mais, alors, et ma commande ?
- C'est quoi ?
- Un cheval à bascule en bois.
- Ah. Ça, c'est certainement une commande refusée par Santa.
- On peut refuser une commande ?
- Trop de travail, pas assez de main d'½uvre, trop désuet, trop sophistiqué, ... Ce n'est pas les excuses qui manquent. Evidemment, officiellement, on dit que l'enfant n'a pas été sage, qu'il ne mérite pas de cadeau cette année. Pourquoi crois-tu que Nicolas s'encombre de Fouettard ? C'est pour justifier ses manques et la regrettable vétusté de son petit atelier. Aller, te fais pas de bile. Tu pourras toujours décorer ta chambre avec.

Kolia était franchement dépité. Comment pouvait-on refuser une commande ? Et Noël dans tout ça ? Un cadeau, ce n'est pas juste un cadeau. C'est une preuve. « Je pense à toi même si je ne suis pas là » « Félicitations ! » « Comme tu en avais besoin... » « Si ça peut te faire plaisir... » « ... » Le Lutin n'osait même pas imaginer la déception de ce petit garçon lorsqu'il s'apercevrait qu'il n'y avait rien sous le sapin pour lui. Il ne voudrait plus fêter Noël, se retrouver avec sa famille ou ses amis. Il deviendrait aigri et grincheux, envieux et méchant. Santa Claus avait vraiment dénaturé l'esprit de Noël. Il fallait faire quelque chose.


#


En cas d'urgence ou de livraisons à un des ateliers annexes, les Lutins pouvaient utiliser les motoneiges du Renne. Celles-ci avaient remplacé les traîneaux à chiens depuis le grand boom démographique et l'industrialisation de l'Atelier. Et il était temps pour Kolia de tenter l'expérience.

Le moyen le plus rapide de rallier l'Oxfordshire à partir de la Laponie était encore la ligne droite. Mais le règlement était strict : il y avait un itinéraire à respecter. Village du Père Noël, Helsinki, Stockholm, Copenhague, Amsterdam, Londres, petit village de l'Oxfordshire.

Faire fonctionner une motoneige n'était pas chinois. La faire voler comme un traîneau était une autre paire de manches. Kolia faillit emboutir la grande porte du hangar. Sinistre total avant même le décollage. Ayant raté Copenhague, il lui fallut faire un détour par Hambourg. Après s'être à moitié fait remarquer à Amsterdam – le temps étant à l'arrêt, voler à cinquante centimètres de la tête d'un passant n'était pas encore trop répréhensible –, Kolia contourna Londres pour enfin arriver à destination. Mais... quelle destination ? Dans sa précipitation, le petit Lutin avait complètement oublié de vérifier l'adresse. Il s'arrêta dans un champ et prit le registre – on n'est jamais trop prudent. La commande correspondait à :


Rémy S.
8, River View
OX18-1GG Oxford
Oxfordshire, UK.


Le Père Noël distribue des cadeaux depuis des années. Avec le temps, il est capable de faire ça en un temps record. Le système de relais était aussi bien organisé que le changement de pneus des F1. Il était H+11:59 en Temps Noël lorsque Kolia arriva sur le toit de la fameuse maison. Il extirpa le paquet du porte-bagages et passa par la cheminée. Déposant précipitamment le colis sous l'arbre, il remonta fissa, juste à temps. H+00:00. Remise en route du compteur.


#


A minuit pile, le petit Rémy découvrit le cadeau que le Père Noël lui avait envoyé : un magnifique cheval à bascule en bois. Posté à la fenêtre, Kolia put contempler le plaisir de recevoir un présent s'étaler sur le visage de l'enfant. Cette fois, il avait enfin trouvé sa vocation : répondre aux commandes refusées.

C'est ainsi que le Père Noël, de retour après sa tournée, reçu la visite d'un petit Lutin déterminé.
- Tu veux t'occuper des commandes refusées ? Eh bien, soit ! Je te donne l'autorisation de former une équipe spéciale. Tu auras des ressources prioritaires au même titre que les commandes de dernières minutes. Il est même fort possible que tes commandes soient de dernière minute, comme avec ce cheval.
S'interrompant un instant, Papa réfléchit avant de reprendre.
- Ça va faire enrager ce gros « S-C ». Il va apprendre qu'on ne refuse pas les souhaits des enfants. Oh oh oh ! Et Joyeux Noël.







FIN.






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Objet: Commande refusée
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#Posté le lundi 30 janvier 2012 15:53

Modifié le samedi 26 décembre 2015 09:15

Jack O'Lantern

Jack O'Lantern












Jack O'Lantern











Samain, Oíche Shamhna, Halloween, El día de los muertos, le bal des fantômes, la fête des esprits : ce soir là, les citrouilles s'allument et les squelettes s'animent tandis que les bambins préparent leurs énigmes et leurs farces. Trick or treat! Farce ou friandise ! Happy Halloween! Des bonbons ou un sort ! Visites de maisons hantées, bals masqués de l'horreur, films qui font peur, feux d'artifice, les activités se succèdent jusqu'à la plus célèbre : le porte-à-porte. Bonbons, beignets, barmbrack, toffee apple, colcannon, cidre chaud, pop-corn et sucreries en tous genres, dans leur grand sac ! Halloween, temps de Sidh où l'autre monde se confond avec le nôtre et où ils surgissent : sorcières, araignées, chauves-souris, hiboux, loups-garous, goules, squelettes, zombies, démons. Et parmi eux trône fièrement le Roi des citrouilles : Jack O'Lantern.
 
***
 
Irlande, il a très très longtemps...

- Je vous en supplie, Jack ! Ce canasson coûte déjà une fortune ! J'ai une famille à nourrir.
- Et j'ai une bourse à remplir, Mister Oaks.
- Il s'agit juste de le ferrer. Rendez-moi ce service.
- Il ne s'agit pas juste de ferrer, mais de soigner. Or, le soin relève de l'art du vétérinaire et non du maréchal-ferrant. Savez-vous seulement à combien s'élèverait la facture d'un vétérinaire ? Dire que dans ma grande magnanimité, je m'apprêtais à vous faire un prix...
- C'que vous voudrez, M'sieur Jack ! Mais vous êtes trop cher...
- C'est étrange. Je viens de changer d'avis. Vous m'en voyez navré, mais les affaires m'appellent ailleurs. N'entendez-vous pas ? Ce tintement d'espèces sonnantes et trébuchantes ? Celui que vous m'avez refusé... Eh bien, tant pis pour vous !
- Non ! Il n'y a que vous qui passez dans cette ferme, nous sommes complètement isolés ! Sans ce cheval, nous...
- Débrouillez-vous avec votre mule et votre taudis ! Ce problème n'est pas le mien. Sur ce, à la revoyure !
- Allez au diable, Jack ! Même l'Enfer serait trop bon pour vous !
- Je ne vous le fais pas dire !
Et il vida d'un trait sa flasque en trinquant avec les démons invisibles.
 
***
 
Jack poussa un soupir d'alanguissement : plus une goutte dans cette bonne vieille outre de métal cabossée. Et s'il n'y avait que cela. Les affaires n'étaient pas au beau fixe : l'Irlandais ne savait que faire de ses pièces encombrantes qu'il accumulait avec appétit. L'or et le whisky. Deux passions qui le perdraient s'il n'était... eh bien, l'homme qu'il était. D'ailleurs, Jack avait même commencé à collectionner des portraits de lui, des gravures réalisées par des artistes – du dimanche, à la petite semaine –, des dessins griffonnés par des affichistes cédés, exceptées ces caricatures grotesques qui dépravaient la vertu de son personnage d'exception. Satanés babouins consanguins, artistes de pacotilles ! Comment osaient-ils défigurer son noble pif ? La colère de Jack s'en alla aussitôt à la vue d'une lanterne éclairant une taverne. Il se lécha les lèvres avec jubilation : quand Jack a soif, la boisson n'est jamais loin. Poussant les portes de la modeste auberge, l'Irlandais commanda un verre et, comme il ne savait choisir entre ses deux soifs, il opta raisonnablement pour un second. Bousculé par un pauvre diable, il s'empressa de ramasser prestement sa bourse en pestant contre le drôle, qui s'excusa sans tarder.
- Que Monsieur veuille bien pardonner ma maladresse. S'il le souhaite, j'ai là quelques faveurs qui devraient l'intéresser.
- Très aimable, mais je pense me contrefoutre de vos faveurs monnayées, mon brave.
- Je crains qu'il ne s'agisse d'un malentendu : j'ai parlé de faveurs, pas de monnaie.
- Voilà qui est étrange, fit-il remarquer en plissant les yeux. Des faveurs gratuites.
- Encore une fois, je n'ai pas précisé la gratuité de ces services.
- Cela ne me dit rien qui vaille.
- Ils ont un prix. Oh, trois fois rien, nous en reparlerons à loisir une fois le pacte conclu. Voilà ce que je propose : une fortune sans limite, la vie éternelle, un don de transformation...
- Êtes-vous sorcier que pour me prendre pour godiche ?
- Certes non. Il s'agit là d'un marché tout à fait honnête.
- Ne seriez-vous pas...
- Peu importe. Je ne demande qu'une seule chose, d'importance aucune : votre âme. Une bagatelle, un bibelot face à la richesse éternelle.
Jack fixa son interlocuteur en grinçant des dents. Quel séducteur ! Cet homme lui ressemblait en bien des points. Il ricana d'avance. La richesse éternelle. Quel merveilleux cadeau ! Ce faisant, il avait d'ores et déjà signé pour l'homme au manteau gris.
- Avant de vous laisser mon âme et d'accepter le pacte, cher collaborateur, ne m'offririez-vous pas un dernier verre de whisky ?
L'inconnu dévoila ses dents en un sourire diabolique. Il avait gagné.
- Bien entendu, fit-il jovialement avant de se transformer en pièce de vingt pence, déposée près du tavernier.
Aussitôt, Jack s'empara de la pièce et la glissa dans sa bourse en sifflotant tranquillement, alors que dans sa poche reposait une croix d'argent.
- Quel est ce maléfice ? rugit le diable immobilisé.
- Voyons, de quoi était-il question déjà ? marmonna Jack. Oh, de vous remettre mon âme ?
- Libérez-moi, pauvre fou ! Ou sinon...
- Ou sinon ?
Le démon se mura dans le silence. Il serait prisonnier de cette forme aussi longtemps qu'il reposerait contre la croix. Jack tenait le diable dans sa poche.
- Je consens à vous délivrer, à une seule condition. Laissez-moi quelques années supplémentaires... Disons dix. Ensuite, vous pourrez avoir mon âme.
- Marché conclu.
Jack exulta. Le diable lui-même se pliait à la voracité de son avarice sans limite. « Ce n'est pas tous les jours que nous fêtons une victoire face au prince des ténèbres » songea-t-il en remplissant allègrement sa gourde. Ce soir-là, ce fut sa tournée, bien qu'il fût seul à boire l'argent qu'il dépensait avec tant de parcimonie.
 
***
 
Notre Irlandais se retrouva un beau jour sur une route de campagne parsemée de cailloux sur lesquels trébuchait un destrier bon marché – on eût dit un âne sur ce cahoteux sentier –, que Jack se plaisait à battre avec violence au moindre arrêt.
- La peste soit de cette rosse ! jura-t-il. Avance, pauvre mule !
Excédé par sa monture, le maréchal-ferrant consentit à se reposer, maugréant les pires mots d'oiseaux que les pierres purent entendre. Dire que sa Seigneurie se contraignait à parcourir ce chemin boueux tel un gueux alors qu'une voiture lui siérait davantage. Hélas, les carrosses étaient impayables – pensez-vous, un tel prix ! Cela ferait autant de pièces de moins dans sa bourse inépuisable. Impensable ! Tout de même, lui, le grand Jack, côtoyer les paysans recouverts de fientes de poules... Quelle horreur. Alors qu'il buvait à grandes goulées quelques gorgées de whisky, ressassant ses sombres pensées, l'Irlandais ne vit pas arriver un monsieur vêtu d'un long manteau gris. Se retournant, il tressaillit, comme frappé par la foudre, l'odeur de sueur se mêlant à l'alcool de son souffle haletant. « Serait-ce possible ? » se dit-il, soudain estomaqué. « Déjà ? » L'homme se posta devant lui, armé d'un sourire jusqu'aux dents.
- Eh bien Jack, vous semblez vous porter comme un charme après ces dix longues années.
- Dix ans, n'exagérons rien mon brave, tout au plus trois ou quatre années.
- Je ne pense pas. Il est l'heure, Mister Jack. Donnez-moi votre âme.
Il était piégé. Quoique...
- Très bien, je vous accompagne, cher collaborateur. Néanmoins... Il me vient une dernière envie.
- Encore ? Votre soif n'a-t-elle point de limite ?
- C'est que je souhaiterais goûter une des pommes de cet arbre, là-bas. Ne pouvez-vous la cueillir ?
- Une pomme ? Ne cachez-vous pas quelque croix dans votre poche ?
- Regardez : un simple couteau – de quoi défendre ma personne sur ces dangereuses routes.
- Eh bien soit.
- Grimpez donc sur mes épaules, cela sera plus aisé.
Tandis que le diable s'accrochait aux branches du pommier, Jack traça une croix sur le tronc de l'arbre et s'éloigna, le sourire mauvais.
- Qu'est-ce que...
Il avait de nouveau piégé le diable !
- ... Quel est votre prix ? demanda-t-il en grinçant des dents, furieux de s'être laissé berner une seconde fois.
- Eh bien... Cela m'arrangerait de ne plus vous revoir. Ne prenez jamais mon âme ! Je consentirais alors à vous délivrez.
- Impossible ! rugit-il. Tu m'appartiens !
- Oh. En ce cas, je vous laisse.
- Attendez ! ... Très bien. Je ne reviendrai plus vous hanter. Mais méfiez-vous, Jack : s'attaquer au diable pourrait vous jouer bien des tours.
L'Irlandais haussa les épaules en s'esclaffant et gratta la croix du tronc. Enfin tranquille ! Il allait pouvoir retourner à ses affaires. Et comme à son habitude, il avait soif !
 
***
 
Jack vomit son sang en crachant ses poumons sur la pauvre catin qui le satisfaisait. Cette fois, il n'y aurait plus de sursis : c'était la fin. Une fois mort, l'Irlandais se retrouva devant l'entrée dorée du Paradis.
- Vous... ne passerez... pas ! tonna Saint Pierre.
- Et pourquoi donc ? Moi qui suis honnête homme, moi qui ai repoussé le diable lui-même.
- A vous, qui avez mené une vie de débauché, d'ivrogne, d'avare et de méchant personnage, l'entrée du Paradis est refusée !
Abattu par la terrible nouvelle, Jack se dirigea vers les étages inférieurs, tout droit vers... l'Enfer. A sa vue, le diable poussa un juron tonitruant.
- C'est impossible ! beugla-t-il. Ainsi, vous venez me narguer en mon royaume ?
- Je ne puis accéder au Paradis, expliqua Jack.
- Eh bien, vous n'accéderez pas plus à l'Enfer ! Hors de ma vue ! Soyez condamné à errer sans fin dans les Limbes ! Esprit damné !
- Noble seigneur... Daignez au moins me laisser ce morceau de charbon ardent.
- Qu'en ferais-tu de toute façon ? ricana le diable. Après tout, nous n'avons plus rien à perdre...
Il lui céda le charbon et l'abandonna aux ténèbres. En chemin, Jack tomba sur un navet, qu'il creusa afin d'y placer le charbon. Ainsi équipé de sa lanterne de fortune, il commença son voyage éternel dans le néant, en attente du Jugement Dernier.
 
***
 
Tout le monde connaît les lanternes d'Halloween, ces citrouilles, betteraves et navets taillés de façon effrayante. C'est là l'½uvre de Jack O'Lantern. Toute l'année, il erre sans but dans les Limbes, coincé entre le Paradis et l'Enfer. Mais à Halloween, quand les limites entre les mondes se brouillent, il revient hanter les vivants. Certains affirment avoir déjà croisé Jack. D'autres croient à une simple farce. D'autres encore racontent qu'il s'agirait d'un épouvantail brûlé qui s'animerait le temps d'un soir pour dévorer les enfants... Et vous ? Avez-vous peur, lorsque le Roi des citrouilles s'anime et lance son armée ? Si les enfants font la fête et que vous dormez, n'oubliez jamais que sous vos pieds rampent les araignées...








FIN.







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#Posté le dimanche 08 novembre 2015 08:03

Modifié le dimanche 08 novembre 2015 14:53

Opération Halloween

Opération Halloween












Opération Halloween












Les fêtes sont des jours particuliers dans l'année. C'est l'occasion de rencontrer des personnes qui ne nous sont pas proches et avec lesquelles nous ne traitons habituellement pas affaires. En un mot comme en cent, les fêtes symbolisent l'appartenance à une communauté. C'est par exemple typiquement le cas de Noël ou de Pâques, qui sont d'intenses moments de communion. A l'opposé de cette conception, certains considèrent les fêtes comme une confrontation au néant et au désordre pur, à l'image des antiques carnavals.

La plupart des fêtes que nous connaissons ont une origine religieuse – Epiphanie, Chandeleur, Saint-Nicolas, ... Il n'en a pas toujours été ainsi. Longtemps avant l'apparition des « religions du Livre », les fêtes avaient une signification plus pragmatique telle que la fin des travaux de récoltes, le retour des beaux jours ou la célébration de la fertilité.

Certaines fêtes « païennes » ont ainsi été « récupérées » par les religions abrahamiques ou ont été confondues avec elles. Le Carnaval, par exemple, avec son Mardi Gras, a les Dionysiaques grecques et les Saturnales romaines comme précédents historiques. Mais toutes les célébrations « mécréantes » n'ont pas connu pareil destin. Ainsi en est-il de la Samain.

A l'origine fête celtique célébrant la fin de l'année et le passage de la saison claire à la saison sombre, la Samain a subi un processus de christianisation instituant la Toussaint et la Fête des morts à la même période. Parallèlement, l'une de ses manifestations contemporaine correspond à la fête d'Halloween. C'est ce dont il est question ici.

***
 
Cwm Pwca est un petit village perdu au fin fond des montagnes. A l'image des autres communautés rurales, il possède des institutions qui permettent à ses habitants de s'épanouir dans leurs activités quotidiennes. A la différence d'autres bourgades, toute l'organisation sociale se structure autour de deux communautés coexistant tant bien que mal : les Kelt et les Mash. Les premiers – comme Puck, Jack, Will, Robin – sont gouvernés par la Grande Mère et son fils, Kern, les chefs souverains reconnaissables à leur tiare à cornes. Les seconds – tels Constantin, Théodose, Valentinien, Pétrone – sont soumis à l'autorité du Prélat.

Chacune et chacun respecte l'ordre temporel du village tout entier. La différence se fait sentir lorsque l'on aborde les questions spirituelles. D'ordinaire, les événements festifs sont célébrés de manière tout à fait indépendante, chaque communauté ayant son créneau calendaire. Une seule exception vient s'opposer à cette règle : le début de la nouvelle année, date marquant la transition entre la bonne saison et la mauvaise. Tandis que les Kelt s'adonnent à la Fête des lanternes, les Mash célèbrent leur Jour des morts. On peut aisément comprendre que les seconds ne voient pas d'un très bon ½il l'ambiance festive instaurée par les premiers, alors qu'eux-mêmes pleurent des êtres chers désormais disparus.

D'ordinaire, afin de mettre tout le monde d'accord, on envoie les enfants Kelt, sous la surveillance des adolescents, dans la montagne. Là, ils peuvent s'adonner au lancer de lanternes en papier sans importuner les Mash qui se rendent à l'aître.

Si tout le monde peut raisonnablement se satisfaire de cet arrangement, des débordements ne sont pas exclus. Généralement, ils sont le fait de quelque garnement Mash – qui prend un malin plaisir à souffler les bougies des lanternes ou à mettre le feu aux fragiles constructions de papier. Même si une violation de sépulture constituerait une représaille blasphématoire, pareil comportement traduit un manque flagrant de respect vis-à-vis des pratiques spirituelles de l'autre communauté.

Cette année ne ferait certainement pas exception. Plutôt que de fomenter une exaction rédhibitoire, Puck et ses amis décidèrent d'instaurer une action folklorique d'envergure dans la nuit de la date litigieuse. Ils la baptisèrent « opération Halloween ». Encore fallait-il qu'ils aient le soutient a posteriori de leurs souverains. Une légende faisait courir le bruit que la Grande Mère et son fils appartiendraient à une espèce féérique férue de magie et affectionnant tout particulièrement les tours pendables.

Une question restait néanmoins en suspend : comment immuniser les délicates lanternes contre ces garnements de grenouilles de bénitier ? Conspirant dans un champs de rutabagas, l'idée leur vint soudainement : et pourquoi ne pas utiliser les gros navets en lieu et place du papier ? Mieux encore : disposer la flammèche dans une grosse citrouille sculptée en une moue grimaçante. Ne restait plus qu'a se donner une formule invective afin d'importuner les malheureuses victimes, ainsi qu'une réclamation symbolique en lieu et place d'une friponnerie bien sentie. La nuit promettait d'être longue et particulièrement amusante – pour les Kelt seulement.

Constantin, Théodose, Valentinien et Pétrone étaient rassemblés dans la maison de ce dernier, drapés de leurs plus beaux atours. C'est qu'ils avaient rendez-vous avec les ancêtres incessamment sous peu. Et Dieu sait que le culte des aïeuls revêt une certaine importance dans la vie des Mash. Mais pour l'heure, les anciens n'étaient pas leur principale source de préoccupation. Ils étaient en fait en plein conciliabule : quel vilain tour joueraient-ils aux Kelt à la nuit tombée ? Soudain, ils furent interrompus dans leur conspiration par d'étranges cris résonnants dans les rues du village. Avant qu'ils aient pu faire quoi que ce soit, l'on vint frapper à la porte. Ce fut Constantin qui alla ouvrir. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'il se retrouva confronté à une horde de vampires, squelettes et autres zombies agitant des lanternes en forme de citrouille et hurlant à tue-tête « des bonbons ou une malédiction ». Devant une telle vision d'horreur, il ne manqua pas de souiller ses habits du dimanche de la pire manière qui soit. Ne voulant concéder aucune friandise, les quatre petits Mash subirent le courroux des créatures maléfiques se pressant sur leur perron : une volée d'½ufs pourris et de bombes à eau. La déconfiture fut totale et la maintenant célèbre « opération Halloween » une grande réussite.

L'affaire fit grand bruit et les autorités furent invitées à se prononcer. Evidemment, chacun prit parti pour ses ouailles et personne ne voulut faire la plus petite concession. D'un côté, l'on arguait la farce, de l'autre le blasphème. L'on répliqua par un rappel cinglant des exactions passées. L'amusement fut invoqué. Finalement, ne parvenant à rien de concret, il fut décidé de clore définitivement ce chapitre et de déclarer « Halloween » illégal – tout en instaurant un respect forcé pour les us et coutumes des deux communautés.

Tout semblait aller pour le mieux dans le meilleur des mondes. Sauf que les quatre principaux humiliés ne comptaient pas en rester là. A leurs yeux, il n'y avait pas eu de sanction exemplaire, pas de châtiment valables, bref pas de justice. Puisque les figures tutélaires n'avaient pas eu le courage de trancher une bonne fois pour toute, ils se feraient justice eux-mêmes. Dussent-ils employer des moyens extrêmes. Et extrêmes, ils le seraient certainement.

Les mois passèrent et aucun incident majeur ne fut relevé. L'on eut pu croire que les tensions étaient enfin apaisées et que « Halloween » n'entraînerait aucune vindicte populaire. Grave erreur ! Ce fut au retour de la belle saison, alors que les Kelt s'apprêtaient à fêter la reprise des travaux agraires et champêtres, que la vendetta prit forme.

A cette époque, toute localité établie disposait de la justice seigneuriale. Et Cwm Pwca ne faisait pas exception. Le Sénéchal fut donc mandaté pour enquêter sur les événements qui suivirent « Halloween ». C'était un homme droit et intègre. Aussi rapporta-t-il le plus fidèlement possible les faits. Tous les faits, rien que les faits.

C'est dans le champ de rutabagas que fut retrouvée la première victime. Allongée de tout son long, les bras en croix, sa tête avait été remplacée par une citrouille. Celle-ci grimaçait, comme pour se moquer de la frontière séparant les morts des vivants.

La deuxième reposait dans le marais forestier. Contrairement à son compagnon, son corps était intègre. Partout autour brûlaient de petites flammèches bleues et froides.

Le corps de la troisième était déjà en train de pourrir lorsque le Sénéchal mit la main dessus. Les taches de moisissure donnaient l'impression d'avoir à faire à un bonhomme vert ou à quelque créature tout droit sortie des entrailles de la terre.

L'on ne retrouva jamais la quatrième victime. En revanche, du côté de l'écurie, le Sénéchal se retrouva fasse à une scène tenant du rituel de magie noire : un grand cheval noir à la crinière sauvage et aux yeux jaunes dont on avait coupé le chef. La tête ne se trouvait nulle part et personne ne parvint à la récupérer.

A partir de ce jour-là, sans qu'il soit possible d'expliquer le pourquoi du comment, les bois devinrent peu sûrs et plus personne n'osait s'en approcher. D'aucuns rapportaient même avoir vu une bête – chien, cheval, chèvre ou lapin – à la fourrure sombre et aux yeux enflammés s'enfoncer profondément dans les ténèbres de la forêt.

De leur côté, les quatre compères Mash, estimant que justice avait été faite, s'en retournèrent vaquer à leurs occupations et ne furent nullement inquiétés de leurs méfaits.

Plus tard dans l'année, quand la mauvaise saison se fit sentir et que les fêtes concurrentes redevinrent d'actualité, personne ne pensait plus aux événements ayant conduit aux meurtres et apparitions inexplicables. Cependant, à minuit, ce fut une horde de démons qui déferla sur le village, tels les chiens déchaînés de la chasse fantastique. Parmi eux : Pooka, le pixie farceur ; Jack-o'Lantern, l'épouvantail à tête de citrouille ; Will-o'the-Wisp, le feu follet égarant les voyageur ; Robin Goddfellow, le bonhomme vert. Accompagnés de sorcières, fantômes, loups-garous, croque-mitaines et autres revenants, ils venaient hanter la petite bourgade montagnarde.

Toute cette agitation engendra une grande frayeur, qui s'estompa avec les premières lueurs du jour. La Fête des morts put avoir lieu, de même que les lanternes, qui restèrent allumées toute la nuit. Mais rien ne vint. « Halloween » avait eu lieu. Et il en serait ainsi chaque année durant, probablement jusqu'à la fin des temps – jusqu'à l'expiation.
 
***

De nos jours, l'on fête toujours les morts en cette période de déclin des jours et de la lumière. De même qu'Halloween, qui voit défiler dans les rues des villes et des villages des hordes d'enfants déguisés frappant aux portes des maisons et criant « des bonbons ou une malédiction ». Et gare à celui qui pèche par manque de friandises : l'anathème n'est jamais bien loin.







FIN.







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#Posté le dimanche 22 novembre 2015 06:00

Modifié le dimanche 22 novembre 2015 06:47

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